Les mains dans les poches, arrêté par un groupe de jeune, l’homme en tenue de barman poussa un soupir. Comment en était-il arrivé là déjà ?
      Il se souvint de la première fois où il avait découvert sa force. Tranquillement attablé, son frère mangeait un plat sucré que Shizuo ne connaissait que trop bien ; du pudding. Et pas n’importe lequel. Son pudding. Celui qu’il devait être le seul à manger. Il faut croire que sa famille n’avait pas été du même avis puisque Kasuka s’était retrouvé avec son dessert.
      Il se souvint qu’à cet instant, une rage folle l’avait envahi. Il arrive souvent aux enfants d’entrer en colère noire pour, souvent, une raison futile. Ici, c’était pour du pudding. En quelques secondes, le garçon avait attrapé le réfrigérateur dans le but de le lancer sur son frère. Un peu comme dans les dessins animés. Cependant, il ne s’attendait pas à ce que le frigo suive le mouvement. Ou du moins, il ne s’en était tout d’abord pas rendu compte
      Tout en le décrochant du mur, grognant de colère et ayant une fois encore, agi sans réfléchir, il s’était arrêté l’espace d’un court instant, entendant un craquement qui ne lui inspirait pas confiance.
      Puis, finalement, il lâcha prise tout en se rendant compte de sa méprise. Il venait de se briser quelques os. Ce fut une habitude par la suite, et il avait souvent fini à l’hôpital pour ces mêmes raisons.
      Voilà comment il en était arrivé là. Voilà d’où partait le problème. Du moins, s’il avait pu en être soigné, cela lui aurait fait plaisir. Impulsif comme il était, il savait qu’il pouvait mettre en danger ses proches.
      Et pourtant, il avait tout fait pour avoir le moins de problème possible. Je déteste la violence, pensa-t-il en son for intérieur. Mais il n’avait actuellement pas le choix. Ces jeunes sans cervelle semblaient pourtant connaître sa réputation... Peut-être voulaient-ils simplement se faire connaître en pensant battre l'homme le plus fort d'Ikebukuro ? Ce qu'il pouvait détester ce nom. Mais que pouvait-il contre une flopée de rumeurs qui s’avéraient véridiques ? Rien. Malheureusement. Devait-il changer de vie pour autant ? Peut-être pas. Il appréciait de travailler aux côtés de Tom, en tant que collecteur de dette. Même s’il devait parfois user de la violence, son titre lui permettait aussi d’éviter d’en utiliser.
      Finalement, il fit un pas en avant. Ses adversaires souhaitaient en démordre apparemment. Mais il n’était pas d’humeur. Après une sale journée de boulot où un homme lui avait légèrement abîmé son costume, Shizuo n’avait qu’une envie ; rentrer chez lui, et boire un grand verre de lait frais. Cette idée le fit saliver. D’ailleurs, il avait acheté une petite bouteille pour l’occasion. Occasion de quoi ? Il ne savait pas. Il avait simplement soif :
      ─ J’aime pas la violence, se contenta-t-il de répondre aux multiples répliques cinglantes de ses ennemis.
      Au même moment, il sortit sa bouteille de lait dans le but de la consommer. Mais au moment de l’ouverture, une barre de fer frappa ses bras, ce qui le fit lâcher sa boisson qui tomba au sol. Le liquide immaculé se répandit sur les dalles recouvrant le par terre.
      Aussitôt, ce fut le choc. Comme après une charge de défibrillateur, le corps du blond fut parcouru d’une puissante adrénaline. Cette fois-ci… Ils étaient foutus.